Pendant ma grossesse et mes errances sur le web, j'avais lu des articles sur l'hygiène naturelle infantile. J'étais séduite par ce procédé qui respecte la physiologie de l'enfant et sa capacité à signaler dès la naissance le besoin de faire pipi ou caca. Pas de couches, pas de déchets. Un apprentissage autonome et parfois précoce de la continence. C'était drôlement tentant. En même temps, j'avais un peu peur - et à raison - de me surcharger. La lecture des témoignages de jeunes parents convertis à l'hygiène naturelle infantile m'avait presque convaincue. Commencer par les couches lavables, c'était déjà un premier pas, m'étais-je dit...
L'expérience, pas à pas de l'hygiène naturelle infantile
Sac à dos, sur les routes avec bébé, notre voyage de six mois en famille s'étant concrétisé, nous y avons réfléchi. Et dans ma tête, l'hygiène naturelle infantile retrouvait sa place sur le devant de la scène.
Quand m'a fille a eu 3 mois, je me suis sentie prête à essayer .. pour voir. C'est la rencontre avec une jeune maman qui m'a décidée. Elle racontait comment elle avait vu un bébé de quelques mois faire pipi au son du Pssss après s'être tortillé en échappe de portage. Cela marchait donc dans la vraie vie ? Le lendemain, j'ai équipé ma fille de chaussettes d'adultes pour qu'elle ait bien chaud aux jambes et je lui ai retiré sa couche. Objectif : étudier son rythme d'élimination.
Puis au réveil d'une sieste, j'ai osé la fameuse position de la grenouille et le Psss. Et cela a marché… Les parents s'accordent à dire que le premier pipi « attrapé » est un moment spécial. Je l'ai aussi vécu ainsi. C'est presque magique de répondre aux besoins de son enfant. Un besoin jusque là totalement hors de mon champ mental, hors de mes références culturelles. Un besoin néanmoins. J'ai senti que je contribuais au bien-être de ma fille.
L'hygiène naturelle infantile est ainsi entrée dans notre foyer. Et j'ai commencé à l'appeler par son petit nom : HNI.
Le matériel de base nécessaire à la pratique de l'hygiène naturelle infantile
Nous avons commencé en 'bricolant' : des chaussettes d'adulte qui se transformaient en jambières pour béé et un tupperware en plastique en guise de pot. J'avais déjà la peau de mouton. Une alèse ou une nappe en plastique et des serviettes de bain font aussi l'affaire. C'est un peu le kit test qui permet de sentir si on est prêt à aller plus loin.
Nous avons petit à petit étoffé notre matériel :
- un petit pot ecopitchoun (lien non affilié)
- une ceinture élastique à pression
- des langes en coton pliés en trois : on en fait une bande assez étroite pour l'entre-jambe qu'on passe dans la ceinture
- des pantalons fendus cousus mains dans des manches de pull pure laine et sweet polaire de récupération, avec un bord de côte à la ceinture et aux pieds pour qu'ils soient évolutifs sur un modèle de Minuscule infini. Ils se combinent bien avec les langes.
Pour la nuit : une peau de mouton tant que notre fille n'était pas mobile (dos/ventre et ventre/dos) puis une couverture en laine feutrée et des serviettes de bain.
L'hygiène naturelle infantile au rythme de l'enfant et de ses parents
La pratique de l'HNI a renversé complètement mon approche de la réussite. Je sens que j'étais complètement conditionnée par mon vécu scolaire. Pratiquer "correctement" l'HNI voulait dire 100 % de pipis attrapés, parcours zéro faute, comme à la dictée ! Pour poursuivre, j'ai dû vite apprendre que rater un pipi n'était pas un échec. C'est capter un pipi qui était une réussite. Et pour avoir partagé sur le sujet avec d'autres familles, c'est une belle découverte qui infuse dans de nombreux domaines de la vie.
Au fur et à mesure qu'augmentait la confiance en moi pour détecter les signaux et la confiance en ma fille pour signaler, j'ai osé pratiquer quand nous sortions à l'extérieur de la maison. Seul un lange permettait d'absorber les éventuels accidents. Sur toute la durée de l'HNI, soit une vingtaine de mois, les loupés se comptent sur les doigts d'une main.
Nous avons pratiqué dans tout un tas d'endroits : TER, TGV, avions, aéroports, gares, bus minuscules du Pérou et de Bolivie, bus longs trajets, parcs, nature, grandes villes, villages,…
Ce sont les pantalons fendus qui m'ont aidée par rapport au regard de l'autre. Dans notre culture, voir un enfant, même tout bébé, les fesses à l'air est assez inhabituel. J'étais souvent inquiète de pouvoir gêner. Avec la pratique, j'ai cheminé pour être plus en phase avec mes choix et donc être plus à l'aise en société !
Nous avons commencé l'hygiène naturelle infantile la nuit deux mois après avoir effectué les premiers tests. Ma fille avait cinq mois. J'avais choisi de fonctionner par étape pour préserver ma sécurité intérieure de maman novice. Au début, je m'asseyais pour lui proposer d'éliminer après la tétée et puis je n'ai pas tenu le rythme. Je préférai allaiter dans un demi sommeil et m’asseoir me réveillait trop. Je tâtais les serviettes plusieurs fois par nuit et je changeais quand je sentais que c'était mouillé. Dès le début, il y avait environ trois pipis par nuit. C'est peu ! Comme chez les adultes, la mélatonine inhibe l'envie d'uriner. Notre fille a été globalement continente la nuit vers ses huit mois. Il y avait encore quelques pipis, c'était rare : peut-être une fois par semaine.
Avec les évolutions motrices - rampage, quatre pattes, marche -, nous avons pratiqué avec plus ou moins de réussite. Sur une longue période, nous avons fonctionné seulement « au timing ». Je n'arrivais plus à percevoir les signaux, je lui ai donc proposé d'éliminer à des moments clés ou à des intervalles réguliers.
Autour de ses 16 mois, je suis passée par une phase de découragement. Notre fille cavalait bien et était centrée sur ses explorations. Je n'arrivais presque plus à capter des pipis. Elle n'était pas encore suffisamment grande pour aller s’asseoir sur le pot seule. Je sentais que je m'agaçais. J'ai choisi de respecter son besoin de découverte et mon besoin de fluidité. J'ai donc ressorti les couches lavables que nous avons utilisées de façon mixte en journée jusqu'à la continence, à deux ans. Ma vision de l'élimination reste imprégnée de l'HNI, la couche était changée à chaque pipi. C'était important pour moi que ma fille maintienne la conscience de son élimination en sentant que la couche se mouille lors d'un pipi.
L’acquisition de la continence s'est faite naturellement, aux beaux jours quand le cul nu a été de nouveau simple. Je pense que la découverte de la fonction du pot, la capacité de s’asseoir dessus seule a été l'élément déclencheur. C'est devenu un jeu et un nouveau domaine d'expérimentation.
Notre fille a 30 mois, elle parle. De temps en temps, lors de ses jeux, je l'entends proposer à ses poupées de faire pipi et caca au son du Psss et du Rrrr.
L'hygiène naturelle infantile demande une présence au quotidien les deux premières années et libère les suivantes de l’acquisition de la propreté. C'est, j'ai l'impression, beaucoup d'énergie qui peut être investie à l'approche de l'école, pour supprimer les couches la nuit ou solutionner l'énurésie nocturne. A chaque famille de sentir ce qui est plus simple à mettre en place pour elle, à son rythme.
Écrire commentaire
Natacha Guillaume - Heureux sans couches (mardi, 28 janvier 2020 15:51)
Merci pour ce beau récit d'expérience. Je n'ai jamais voyagé avec mes enfants pendant que je pratiquais L'HNI avec eux (mon fils a 18 mois et commence à aller aux toilettes seuls à la rédaction de ces lignes). J'ai quant à moi créé le blog Heureux sans couches pour relater mon expérience et donner de l'information aux familles souhaitant se renseigner et pratiquer.
Merci encore,
Natacha
https://heureux-sans-couches.com
Yannick (samedi, 01 février 2020 09:55)
Merci Natacha d'apporter ton regard expérimenté sur cet article.