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Être parent, un subtil équilibre entre le cocon & les ailes

Depuis ses deux mois, nous avons eu maille à partir avec le sommeil de notre fille. Pourquoi cette capacité de s'endormir seul - que tous les êtres humains développent à partir de six semaines - était inaccessible pour notre fille ? Pendant de nombreux mois, nous avons œuvré à lever tout ce qui pouvait perturber l'endormissement de notre fille. Quand elle a eu ses dix-huit mois, j'ai senti que notre fille était prête pour autre chose. Je ne savais pas comment le lui offrir. Alors qu'elle avait vingt-deux mois, j'ai été formée par Ingrid Bayot, auteure et sage-femme spécialisée en périnatalité sur le sujet du sommeil du tout-petit. Un message a particulièrement raisonné en moi : certains parents, dont les enfants de plus de dix-huit mois ne parviennent pas à s'endormir de manière autonome, n'ont jamais été confrontés, au coucher, à la colère de leur enfant. C'était exactement mon cas. J'avais maintenu le même maternage proximal de la naissance aux deux ans de ma fille. Une prise de conscience salutaire s'agissant de son sommeil.

Trouver les bonnes clés


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En début de vie, ce cocon de proximité parent/enfant rassure et structure, fournit au bébé la sécurité de base.

 

Les neurosciences apportent beaucoup à ce sujet. Ce point n'est pas à discuter : tout-petit, l'enfant a besoin qu'on réponde à tous ses besoins pour connaître un développement optimal.

 

A mesure que le bébé grandit, une autre forme d'amour parental émerge : l'éducation. Ce sont les ailes que le parent donne à son petit. Progressivement, l'enfant apprend à se faire confiance, à prendre en charge ses besoins, à s'ouvrir sur le monde, à attendre, etc.

 

La pédagogie Montessori, l'Hygiène naturelle infantile, la communication gestuelle ou encore la motricité libre entrent dans cette forme d'amour. J'ai pratiqué avec facilité toutes ces formes de soutien à l'autonomie de mon enfant. Mais pour le sommeil, je me trouvais complètement démunie.

 

J'avais fait, selon moi, tout ce que je pouvais pour détecter et supprimer les éventuels perturbateurs d'endormissement. Il me restait à créer l'environnement qui permettrait à ma fille de s'endormir de manière autonome au moins une fois. Je n'avais aucune idée de la manière d'y parvenir. Je n'avais reçu aucune transmission de ma famille à ce sujet. J'étais néanmoins persuadée qu'après avoir goûté à l'endormissement autonome, ma fille gagnerait en confiance en ses capacités et poursuivrait dans cette direction.

 

Quand une méthode vient combler les lacunes éducatives & apporte secours

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C'est le témoignage d'une maman qui m'a donné une clé. Elle avait appliqué la méthode "Au Dodo les petits", un livre d'Anna Walgreen.

 

Depuis lors, son enfant dormait seul et surtout, - ce qui était décisif à mes yeux -, il était plus joyeux, plus actif. J'avais déjà entendu parlé de ce livre. Il n'avait tellement pas bonne presse dans le milieu du maternage proximal que je l'avais "blacklisté", "étiqueté" trop violent. Et puis, je suis arrivée à un point de non retour : je perdais patience avec ma fille au coucher, en journée et mon éducation bienveillante était en péril. Valait-il mieux mettre en difficulté ma fille en changeant ses rituels d'endormissement ou valait-il mieux qu'elle sente le rejet, l'éloignement de sa figure d'attachement ?

 

Les deux stress sont temporaires : le second m'a semblé plus impactant et finalement plus répétitif. Nous avons donc choisi d'appliquer la méthode "Au Dodo les petits" - certes avec quelques aménagements.

  

La méthode "AU DODO LES PETITS" & nos petits aménagements

Anna Walgren prône un changement radical du rituel de coucher afin que l'enfant se confronte à ses émotions et qu'il acquiert rapidement ses propres rituels d'endormissement. Dans la mesure où notre fille ne s'était jamais endormie de manière autonome et qu'elle avait déjà deux ans, nous avons choisi d'effectuer une transition progressive.

 

Avant la première nuit, nous avons donc opéré des premières actions :

  • instaurer un planning précisé pour les repas, les siestes et le coucher du soir
  • mettre en place un rituel de coucher répétitif avec un temps de défoulement juste avant de se coucher
  • verbaliser plusieurs fois qu'il y aurait bientôt du changement, que notre fille allait apprendre à dormir seule dans le lit et que nous, parents irions dormir dans un nouveau lit. 

Le jour J, nous sommes passés au cœur de la méthode :

  • compléter le nouveau rituel de coucher par la dernière tétée dans le canapé plutôt que dans le lit
  • coucher notre fille seule dans le lit, faire en sorte qu'elle y reste et la rassurer par une attitude et des paroles calmes
  • rester en contact physique avec notre fille jusqu'à ce qu'elle s'endorme
  • mettre en place une phrase « Bonne nuit, à demain », au moment du coucher et la répéter à l'identique lors des réveils
  • maintenir les siestes en voiture qui permettaient de dormir 2 heures sans réveil

Pas facile la phase de transition

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Le premier coucher a été difficile à vivre pour elle. Elle cherchait à se relever et nous avons choisi de la maintenir en position allongée jusqu'à ce qu'elle se calme, la détente étant la condition nécessaire à l'endormissement en sommeil calme. C'est cette manière de fonctionner qui est considérée par certains comme violente. L'adulte utilise en effet sa force physique pour contenir l'enfant.

 

C'est à ce moment précis que le parent se confronte à la colère de son enfant. Isabelle Filliozat parle de contenir l'enfant dans d'autres circonstances, lorsqu'il fait une crise de rage. L'adulte apporte ainsi le cadre protecteur à l'enfant, son cortex frontal n'étant pas en mesure de prendre de la distance avec les émotions qui le submergent.

 

Paradoxalement et à notre surprise, notre fille a vite réclamé "les mains" pour s'endormir. Le rituel interactif de la tétée avait été remplacé par un autre.

 

Les jours suivants, l'objectif a été d'amener progressivement notre fille à trouver ses rituels d'endormissement autonome. Nous avons donc veillé à :

  • réduire le contact physique des mains une fois couchée à un bref toucher, pour sortir de ce nouveau rituel interactif
  • renforcer l'apaisement produit par la phrase « Bonne nuit, à demain »
  • quitter la chambre avant que notre fille s'endorme
  • la reconduire au lit avec calme et bienveillance à chaque fois qu'elle se relevait

Ce qui nous a aidé durant toute cette phase a été une ritournelle répétitive autour des animaux : la poule dort, la chèvre dort, la libellule dort, etc. Nous alternions avec les parties du corps, en nous inspirant de la sophrologie et du "bodyscan" ou des méditations de pleine conscience : les cheveux de Lill dorment, la tête de Lill dort, le front de Lill dort, etc. Ceci nous permettait de couvrir nos bruits lorsque nous quittions la chambre, bruits qui sortaient notre fille de son demi-sommeil.

 

Au bout de quinze jours de ce fonctionnement, nous avons proposé à notre fille de dormir dans un lit parapluie. Le fait d'être dans un espace restreint a amélioré encore la transition qui s'était opérée.

 

 

Depuis, notre fille s'endort d'elle-même en quelques minutes en chantonnant. Elle est joyeuse d'aller se coucher, le demande même parfois et dort onze heures trente d'affilée. Il y a parfois un réveil le matin lorsque nous nous levons, mon compagnon ou moi.

L'enfant a besoin d'être entendu & soutenu

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Ce sont vraiment les trois premiers jours qui ont été difficiles pour toute la famille. Il y a eu onze réveils la première nuit et les temps d'endormissement étaient longs, parfois 30 minutes pour pouvoir dormir à poings fermés.

 

Anna Walgreen incite les parents à se répartir les plages horaires les premiers jours. L'un veille toute la nuit sans dormir pour répondre dans la seconde aux appels de l'enfant et l'autre prend le relais le jour et assure le timing cadré de la journée.

 

Heureusement, les éveils nocturnes ont diminué très rapidement. Au bout d'une semaine, notre fille ne se réveillait plus la nuit. Seuls les couchers étaient encore délicats. Les effets sur notre fille ont été spectaculaires, nous avons vu une enfant de meilleure humeur, plus autonome en journée.

 

Nous avons vraiment fonctionné comme une équipe pendant tout le temps de la transition. J'ai vécu ce moment avec la conscience d'accomplir quelque chose de décisif pour la famille. J'ai ressenti aussi que notre couple y a trouvé beaucoup de cohésion. Et personnellement, après avoir dormi énormément pendant trois semaines, j'ai retrouvé une énergie que j'avais oubliée.

 

Pour conclure, je souhaite dire un mot sur cette méthode. Elle est donnée pour des bébés dès la diversification alimentaire. A l'aune des connaissance acquises lors de la formation avec Ingrid Bayot, j'incite fortement les parents à éliminer les perturbateurs d'endormissement avant de se lancer. Si un stress chronique d'origine physique ou psycho-émotionnel vous a échappé, le succès de l'entreprise est incertain car l'enfant a avant tout besoin d'être entendu et aidé.

Ce article est le dernier d'une série dédiée au sommeil du tout petit et à son accompagnement par ses parents.

Si vous souhaitez aller voir ce que je raconte dans le premier article, c'est ici.

Et si le deuxième vous intéresse, c'est ici.


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